QUE FAITES-VOUS AVEC VOS DÉFUNTS?

Que faites-vous avec vos défunts ?

Les laissez-vous partir vers l'oubli ?

Accrochez-vous un fil bien ficelé au chagrin?

Peut-être que cet article vous dérangera, ce n’est pas mon intention, passez alors votre chemin si l'inconfort apparaît dès les premiers mots.

La mort n'est pas tabou chez moi, je dis souvent que c'est culturel, et je trouve d'ailleurs qu'elle est malmenée en France, elle paraît toujours effrayante. Bon nombre de familles n'en parlent pas jusqu'à ce que la grande faucheuse frappe à la porte, et là, c’est le drame, on ne sait plus quoi faire. Il y a même des parents qui font planer la légende auprès de leur progéniture qu'ils sont immortels, d'autres essaient d'assouplir, tout comme le papa met la petite graine dans la maman, papi mamie sont partis au ciel.

La mort planait déjà dans ma maison à ma naissance, je ne sais plus quel âge j'avais quand mon grand père maternel est décédé, en tout cas, c’est en allant au cimetière le jour de ses obsèques que j'ai découvert que j'avais une petite sœur qui dormait 6 pieds sous terre sous une mini tombe. Je ne pense pas que j'étais une enfant glauque, quoi qu'il en soit j'ai toujours aimé rendre visite à ma sœur défunte, morte quelques heures après sa naissance 14 ans avant la mienne, je crois même que je trouvais ça 'choupinou' (certes, le terme est mal choisi) toutes ces petites tombes d'enfants. Quand on est enfant, on aime bien les trucs miniatures.

Puis très vite, toute petite, ma mère malade m'a dit qu'à mes vingt ans elle mourrait. Finalement elle a eu 20 ans de rab. Je n'étais donc pas ignorante que ça arriverait un jour, par contre je me demandais bien à quoi ça ressemblait une vie sans maman, qu'on aime tant.

Je ne saurais jamais pourquoi ça s'est passé ainsi, en fait , ça a été très facile, j'ai pleuré toutes les larmes de mon corps le jour de son enterrement, je crois que j'aurais pu faire une bonne 'pleureuse' corse (personne payée pour simuler ou non un chagrin lors de funérailles, notamment chez la tradition corse), cependant le lendemain alors que je conduisais en pleurant, j'ai entendu un message qui me disait 'pourquoi tu pleures alors qu'elle a toujours voulu que tu sois heureuse', ça m'a fait comme un électrochoc, depuis je n'ai plus jamais pleuré ma maman, je n'ai jamais éprouvé de manque, j'oublie même de penser à elle pendant des jours et des jours alors qu'il y a des photos partout d'elle dans la maison, je ne les vois pas. C'est peut-être choquant pour vous de lire ça, j'assume, j'estime que je lui ai consacré beaucoup de temps et de moi, me privant de liberté, sciemment, consentante, et puis de la voir si malade pendant tant d'années, fut très éprouvant, j'en ai fait des dépressions, alors je savoure de vivre au présent, sans me morfondre dans le passé. J'avais envie de m'ouvrir enfin à la vie et à la liberté d'être.

Ces dernières semaines, le sujet de la mort est revenu sur le tapis, avec l'état de santé de mon père. Il y a eu des choix médicaux à faire avec cette option en porte de sortie, finalement c’est le chien qui s'est sacrifié et s'est offert aux fées de l'eau en se noyant, je l'ai raconté dans un précédent post, et mon père est resté dans le monde des vivants, jusqu'à quand, mystère mystère... En tout cas il a fallu regarder l'éventualité de plus près, tant sur le plan émotionnel que pratique, heureusement ce sujet n'est pas tabou, on peut même en rire avec mes proches, c'est tout de même beaucoup plus aisé pour prendre des décisions. Je me suis rendue compte que l'histoire avec lui n'est pas du tout la même qu'avec ma mère, je croyais être prête, il a 87 ans, mais quand j'ai senti qu'il était vraiment sur le fil du rasoir, j'ai pris la décision de tout faire pour le garder parmi nous encore, bien sûr, ce n'est pas moi le grand dieu qui va décide de cela, il y a mon père aussi qui décide au plus profond de lui, et puis tous les autres mystères qui régissent vie et mort, toutefois si nous sommes tous interconnectés, que tout est énergie, j'étais fatalement impliquée dans l'issue de l'histoire. Donc le concernant, affaire à suivre, il est toujours là, à l'heure ou je vous écris. Ces quelques semaines ont été riches d'apprentissages. De vieilles peurs avec le paranormal d'ailleurs ont resurgi en moi, et des manifestations dans la maison se sont intensifiées. La communication avec ma mère a été réactivée.

Je ne me rends pas compte de ce que je peux véhiculer comme impression au travers des mots ci-dessus, je serai curieuse de vous lire à ce sujet. Une chose est certaine c'est que nous n'avons pas à juger les autres sur leurs comportements face à la mort, nous sommes tous différents, il n'y a pas de réactions normales ou rationnelles, et de ne pas prendre cet aspect en compte créer de nombreuses frictions dans les familles.

Si la thématique vous intéresse et que vous n'avez pas encore d'expérience avec la mort d'un proche, je vous recommande 'Le petit guide pour regarder la mort en face' de Taous Merakchi, où l'auteur explique les phases du deuils, différents rites funéraires à travers le monde, comment se préparer à la mort, et comment accompagner les autres dans une telle épreuve. Il y a de l'humour et de la légèreté, ce n'est pas plombant...

Version roman, je vous recommande le roman de Valérie Perrin 'Changer l'eau des fleurs', c'est poétique, plein d'humour.

Au plus proche de ma mission d'artiste d'ouvrir des passages entre les mondes des vivants et des morts, l'ensemble de mes œuvres fait référence aux esprits et leurs manifestations, aux mondes invisibles, à la mort. Incontestablement c'est la série Saphir des Champs https://www.caroline-hanny.com/oeuvres/saphir-des-champs qui explore ce chemin au plus près, je serais curieuse d'avoir vos retours, est-ce que ces œuvres vous perturbent ? Que ressentez-vous ?

Au plaisir de vous lire, en passant par le formulaire de contact ou via mon instagram @carolinehanny

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